Evolution récente
des obligations de financement de la production cinématographique par
les chaînes de télévision.
(Rédigé le 23
décembre 2009)
1. Le décret n° 2009-1271 du 21 octobre 2009 définit les
nouvelles obligations applicables pour les chaines hertziennes qui diffusent
en analogique :
- " Pour les chaines en clair, au moins 15% du chiffre d'affaire
de ces chaines doit être consacré à des dépenses
contribuant au développement de la production d'uvres audiovisuelles
européennes ou d'expression originale française dont au moins
10,5% à des uvres patrimoniales (fiction, documentaire, séries
d'animation, vidéo musique et spectacle vivant) ou 12,5% lorsque les
dépenses sont uniquement orientées vers des uvres patrimoniales.
Ces dépenses de production peuvent être constituées par
l'achat de droits de diffusion ou de rediffusion, par un investissement en
parts de production, par le financement de travaux d'écriture ou de
développement, par l'adaptation d'uvres aux aveugles ou malvoyants,
par le financement de centres de formation des auteurs ou par de la promotion
d'uvres sur laquelle porte la contribution (v. art. 5 du décret).
Le décret fixe donc des limites lorsqu'il dispose que les chaines doivent
consacrer " au moins " telle somme à telle dépense.
Le pourcentage exact est négocié ensuite par contrat entre les
chaines et les professionnels du cinéma.
- " Les services de télévision faisant appel à
une rémunération de l'usager sont tenus aux mêmes
obligations de dépenses (à la différence que les dépenses
ne peuvent concerner la promotion d'une uvre). Ainsi ce sont au moins
3,6% des ressources totales nettes de l'exercice précédent qui
doivent être consacrées à des dépenses contribuant
au développement de la production d'uvres audiovisuelles patrimoniales
européennes ou d'expression originale française. Ce décret
a donné lieu à une négociation entre Canal + et les professionnels
du cinéma afin de préciser ces contributions. Cet accord a été
signé le 18 décembre 2009 et prévoit que la part du chiffre
d'affaires de la chaîne consacrée au financement d'uvres
européennes passe de 12 % à 12,5 %. Sur ces 12,5%, le taux consacré
à la production française est porté à 10 %, contre
9 % auparavant (soit 170 millions d'euros en 2008, pour 142 films préachetés).
Cette enveloppe intègre une prime au succès (0,5 % du chiffre
d'affaires), qui récompense les films ayant réalisé plus
de 500 000 entrées en salles, ou les préachats français
et européens "de diversité" qui rencontreront leur
public. On peut également noter que Canal + participe au financement
de la distribution et de l'exploitation en salles. Le contrat conclu le 18
décembre 2009 n'a rien prévu en la matière mais la
chaîne cryptée s'est engagée à financer une fondation
d'entreprise qui se consacrera à ces dépenses.
2. Les obligations de production des chaînes de la TNT, du câble
et du satellite sont régies par des accords interprofessionnels signés
le 22 octobre 2009 :
- Les accords prévoient une évolution des investissements de
production de 14% à 15% du chiffre d'affaire des chaines sur la période
2010-2014. Une part de ces investissements doit être consacrée
à des films dont les producteurs sont indépendants (pour une
définition v. l'article 12 du décret n° 2001-1333 du 28
décembre 2001). Ces accords prennent en compte le fait que ces différents
acteurs et notamment la TNT sont des moteurs de croissance économique
qui doivent participer au développement de la création audiovisuelle.
Marc Le Roy
Docteur en droit
droitducinema.fr
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